J’aime les montres de plongée. Elles sont robustes, lisibles, ont une forte personnalité, une belle présence et peuvent même être élégantes. Aussi lorsqu’on m’a proposé de mettre à ma disposition pour quelques semaines un modèle de la toute nouvelle marque Stoicworld, mon choix s’est porté sur la Sports Watch #1. Loupé. Ce n’est pas une plongeuse. Remarquez, ce n’est pas grave, je ne plonge pas !
Une montre sport au look de plongeuse
Ce n’est pas une plongeuse, mais elle en a tous les attributs, ou presque. Une belle boite robuste, en acier, une lunette tournante unidirectionnelle, des aiguilles et des index recouverts de matière luminescente… Par contre, la couronne à 3h n’est pas vissée et le bracelet cuir livré achève de convaincre. La fosse des Mariannes n’est pas pour elle. Étanche à 100 mètres, ce qui est clairement indiqué sur son cadran, elle pourra cependant vous accompagner si vous allez barboter chez Marianne. C’est bien aussi.
A l’origine, un horloger talentueux
Mais revenons peut-être un petit peu en arrière. Stoïc, c’est une toute nouvelle marque, créé par Peter Speake-Marin, horloger de sa très gracieuse majesté, connu et reconnu par ses pairs pour ses créations sous sa marque éponyme. Des modèles haut de gamme, aux finitions exceptionnelles, s’adressant à des amateurs fortunés.
Après des années passées à inventer, créer, et commercialiser parmi les plus belles montres du marché, PSM eu l’envie d’offrir son savoir et son talent, et de transmettre ses connaissances. De cette démarche, est né The Naked Watchmaker, un portail multimédia accessible à tout un chacun, où l’on peut en apprendre beaucoup sur l’horlogerie, en suivant des déconstructions de modèles iconiques par exemple, ou en parcourant les nombreuses pages et articles vulgarisant, autant que faire se peut, les mystères de la création horlogère.
Des montres pour éduquer à l’horlogerie
Stoïc participe de cette démarche. Nommée ainsi en rapport avec le stoïcisme, une doctrine grecque notamment partagée par Sénèque, un contemporain de Jésus, qui veut qu’on se détache des possessions matérielles pour profiter du temps qui passe. Stoïc propose des modèles au design classique, mais à la qualité irréprochable, le tout pour un prix accessible au plus grand nombre. La marque ne cherche pas nécessairement à s’adresser aux amateurs d’horlogerie, mais plutôt à de nouveaux entrants sur ce marché, qui recherchent un produit fiable, très bien fini, et qu’ils pourront garder de nombreuses années. La démarche de la marque est également de permettre à ses clients d’améliorer leur culture horlogère, et de les accompagner en ce sens en proposant des produits plus évolués, techniquement parlant, mais toujours au juste prix, dans les années à venir.
Cette Sports Watch #1 est donc, comme le suggère son nom, le modèle sport de la gamme. Son design est typé, et les inspirations multiples. Mais la qualité de fabrication est vraiment très étonnante pour une montre vendue 490USD livrée n’importe où dans le monde, soit moins de 500€ !
Autopsie de la Sports Watch #1
La boite, d’un diamètre de 43.5mm en acier inox 316L, est brossée, si ce n’est les chanfreins qui sont polis. Le brossé est fin et régulier, loin d’être grossier, et pourrait se retrouver sans qu’on crie au scandale sur des montres de marques réputées d’une toute autre prétention tarifaire. Le poli est de bonne facture, mais il semble assez fragile. La forme de la boite m’a beaucoup plu. La plupart d’entre vous auront reconnu l’inspiration de la marque à la rose, mais comment s’en offusquer, c’est un des plus beaux design actuellement sur le marché. Cette montre d’une taille assez importante n’en conserve pas moins une certaine élégance et une douceur dans ses lignes qui la rendent très agréables à observer, à détailler même, et surtout très agréable au porté.
La couronne, doublement crantée, est gravée du logo de la marque. C’est assez rare à ce niveau de prix pour être signalé. Sa prise en main est facile, et permet sans effort le lancement manuel du mouvement, ainsi que la mise à date et à l’heure. Rappelons qu’elle n’est pas vissée, la montre ne revendiquant qu’une étanchéité à 100m. Très typée, bien dimensionnée, elle ne vient pas meurtrir le dos de la main de ceux qui, comme moi, portent la montre très bas sur le poignet.
La lunette est une réussite. Nonobstant sa couleur, mais j’y reviendrai, elle est vraiment d’excellente facture. Le crantage fin est élégant, et l’insert aluminium noir satiné très bien exécutés. Une perle luminescente à 12h vient le rehausser, et la typographie, ainsi que la sérigraphie ne prêtent pas le flanc à la critique. De plus, le marquage n’est pas surchargé, ce qui est un vrai bon point. L’élégance, toujours.
Passons côté cadran. Il y a du très bon, et du moins bon, de mon point de vue, sous le verre saphir traité anti-reflet qui équipe cette Sports Watch #1. L’excellent, et le plus visible, c’est évidement ce cadran gaufré, type « grande tapisserie ». Je n’étais pas excessivement convaincu sur les photos de presse, mais une fois en main, force est de reconnaître que la fabrication et la finition sont excellentes. L’alignement des index et du logo appliqué est irréprochable, la sérigraphie du texte et du chemin de fer est fine et parfaitement exécutée, le rehaut doré du sous-cadran 24h à 10h30 parfaitement régulier, une belle surprise, je dois l’avouer. Je suis moins fan de l’aiguille des heures, et de l’index à 12h, inutilement hypertophiés et surtravaillés de mon point de vue. L’élégance que je vante depuis le début de mon propos en prend un peu pour son grade. Par contre, Stoïc se rattrape en ayant très intelligemment choisi un disque dateur sur fond noir. Son intégration à 4h30 est, du coup, discrète. Le rehaut en acier brossé correspond parfaitement à l’esprit de la montre, et j’aime ce côté épuré. L’œil est ainsi naturellement concentré sur le cadran. Les aiguilles et les index sont évidemment recouverts de matière luminescente, inspiration plongeuse oblige. Finissons de détailler ce cadran en notant la finition circulaire du sous-compteur 24h, une complication propre au calibre NH37 qui équipe ce modèle.
Un mouvement très connu des seikophiles
C’est d’ailleurs le moment de le retourner, ce modèle, afin de voir ce qui permet à tout ce petit monde de se mouvoir. Un fond saphir, vissé, imprimé d’une citation de Sénèque, permet de jeter un œil sur le mouvement qui l’équipe. Il s’agit du NH37, un mouvement automatique Seiko, battant à 21600 alt/h et offrant 41h de réserve de marche. Rien qui ne révolutionne la planète horlogère, mais un mouvement fiable, précis, et ne nécessitant aucun entretien. Un choix judicieux pour une montre qui s’adresse, en priorité, on l’a vu, à des newcomers du monde horloger, et qui ne possèdent pas nécessairement plusieurs montres. Le rotor a été décoré de côtes de Genève, le reste du mouvement reste industriel dans ses finitions.
Une customisation encouragée
La montre est livrée sur un bracelet « en cuir italien sélectionné par nos soins » dixit Stoïc, et fermé par une boucle double déployante. Encore une fois, c’est du rarement vu à ce niveau de prix. Je n’ai pas été convaincu outre mesure par l’accord avec le bracelet d’origine, c’est pourquoi j’ai porté la montre sur un cuir marron à surpiqures, très souple, fabriqué par un ami espagnol. Une petite boucle ardillon Stoïc complétant le tout. La marque ayant conscience que la personnalisation par le bracelet est quelque chose qui plait bien aux clients en général, elle offre la possibilité d’acheter trois bracelets différents par modèle de montre commercialisé. Et avec les pompes flash permettant un changement rapide et sans outil, cela devient un jeu d’enfant de se faire plaisir. Et tout ça pour 35 USD le bracelet frais de port inclus. Même là les tarifs sont tout doux…
Conclusion : une très agréable surprise !
Au porté quotidien cette Sports Watch #1 est très agréable. La boite est très confortable, la couronne à 3h ne gêne pas les mouvements de la main. Bien que très présente (43.5mm, rappelons-le), la montre n’est pas excessivement ostentatoire. Pourtant, le doré, ce doré me faisait peur, je dois le reconnaître. Les photos de presse, ne lui rendent pas justice. On dirait que Seiko (qui fournit la montre, mais en assure également la production) est allé jusqu’à transmettre ce talent qu’ils ont pour faire des photos qui ne rendent pas justice aux modèles qu’ils proposent ! Je trouvai le logo appliqué trop présent, et ce doré trop clinquant. Mais une fois en main, tout cela prend une autre dimension. Le logo, plutôt élégant finalement, contre-balance le sous-cadran 24h, et le doré est moins envahissant que je le craignais. Je ne suis pas un fan absolu du choix de la lunette et de la couronne dorées, mais c’est beaucoup plus discret au poignet qu’attendu. Et la forme de la boite, les détails de finition, l’élégance que j’ai ressenti pendant les quelques semaines que j’ai passé avec cette Stoïc au poignet m’ont agréablement, très agréablement convaincu.
La démarche de Peter Speake Marin avec Stoïc a été diversement appréciée. Mais je crois que les principaux commentateurs ont pris Stoïc, sans s’intéresser au contexte dans lequel la marque a été créée, et sans avoir eu les montres entre les mains. En gardant un esprit ouvert, en écoutant Peter, et en ayant porté cette Sports Watch #1, je comprends, et j’applaudis le courage de cet homme de repenser son approche de l’horlogerie, et de tout mettre en œuvre pour l’offrir au plus grand nombre.
Richard Ségault pour Passion Horlogère
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