Le 11 mai 2025, à l’occasion de la Geneva Watch Auction XXI organisée par Phillips, un autoportrait signé Konstantin Chaykin a été adjugé pour 63 438 dollars, établissant un nouveau record pour l’artiste russe. Intitulée Thinking of the Time’s Birth, cette toile occupe une place particulière dans l’œuvre du maître horloger, entre spiritualité, création mécanique et introspection artistique.
Quand la peinture prolonge la mécanique
Inventeur, ingénieur, mais aussi dessinateur et peintre, Konstantin Chaykin entretient depuis l’enfance un rapport intime avec le geste graphique. Dans ses carnets, croquis de montres et ébauches philosophiques se croisent. Mais parfois, la peinture prend le relais. Là où le boîtier ne peut tout contenir, le tableau devient un champ d’expression.
C’est ainsi qu’est née Thinking of the Time’s Birth, toile exécutée en parallèle du développement de la montre ThinKing, aujourd’hui reconnue comme la montre mécanique la plus fine au monde. Conçue comme un prolongement de l’effort de création, cette peinture exprime ce que le mécanisme n’a pu dire : l’origine du temps, sa symbolique, sa dimension cosmique.
Une scène entre microcosme et métaphysique
Dans cette œuvre, Chaykin se représente de dos, absorbé par son établi — ce même établi qu’il désigne comme son « modèle de l’univers ». Le plan de travail devient un horizon, divisant la toile entre ciel et terre. Les ponts, les vis, les engrenages s’élèvent comme des astres miniatures, renvoyant à une lecture théologique du temps et de la création. Un hommage discret à Dürer et à Paley, à la gravure Melancholia I, et à l’idée selon laquelle chaque mouvement parfait suppose un créateur.
Le tableau convoque aussi l’univers du baroque, à travers des références au vanitas, et aux symboles du temps qui passe — un thème récurrent chez Chaykin, présent notamment dans sa montre Carpe Diem, qui mêle sablier, crâne et figure de Chronos.
Entre art, horlogerie et philosophie
Déjà exposé à Moscou dans le cadre de Watches and Art, Konstantin Chaykin poursuit une démarche artistique cohérente avec sa vision d’horloger. Il n’est pas rare que ses montres, comme le Joker Selfie, s’apparentent à des autoportraits. Mais ici, le geste est plus universel : il s’agit moins de figer un visage que de représenter un instant de création absolue.
La vente de cette toile, accompagnée du prototype de la montre ThinKing, a suscité l’intérêt autant des collectionneurs d’art que des passionnés de mécanique horlogère. Au-delà de son prix, elle marque la reconnaissance d’une signature double : celle d’un homme capable de faire dialoguer la précision micrométrique d’un calibre et la puissance évocatrice d’une toile.
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