Je crois que tout commence là très jeune. J’ai grandi dans une famille modeste on avait peu de moyens. Mais on adorait regarder les belles choses. Toutes ! Les belles maisons, les belles voitures, les beaux meubles, les beaux vêtements, les beaux voyages, les beaux restaurants, les beaux objets… j’ai été bercée dans l’Amour des belles choses bien faites toute ma vie.
Jeune, j’étais très manuelle, je fabriquais toujours un tas de choses.
Estelle Lagarde
C’est grâce à mon premier stage en entreprise que J’ai découvert le monde de la bijouterie et de l’horlogerie. J’avais 13 ans. J’ai absolument voulu le faire chez un bijoutier horloger. J’aimais beaucoup les bijoux, le travail à la main, les pierres précieuses, les belles matières, les montres, les mécanismes. J’avais aussi en réalité une véritable fascination pour le temps… C’est durant cette semaine de découverte que j’ai eu un véritable coup de cœur. J’en prenais pleins les yeux. Tout ce que j’aimais était là. La précision, la création, la fabrication, l’artisanat, le prestige, les matières, le dessin, la conception… J’avais face à moi un métier qui pourrait regrouper tout ce que j’aime.
Je n’ai pas réfléchi très longtemps, mon cœur m’a emmené au Lycée des Métiers d’Art de la Bijouterie Amblard à Valence, dans la Drôme.
Estelle Lagarde
C’est au Lycée des Métiers d’Art de la Bijouterie Amblard à Valence que j’ai étudié durant 4 ans. C’était passionnant ! Là bas J’ai découvert l’art du gouaché. Le gouaché est le dessin final qui donne la représentation la plus fidèle possible d’un bijou. C’est le document a partir duquel l’atelier travaillera afin de crée la pièce. J’ai eu l’impression de découvrir un petit trésor, une passion. J’en avais peu à cet age là, alors vraiment c’est l’impression que j’ai eu, de recevoir un trésor. Pendant ces 4 années entières, j’ai consacré tout mon temps à essayer de dompter mes pinceaux et la matière.
J’ai ensuite exploré professionnellement le métier de joaillier dans diverses entreprises. Et plus en détails le métier de gouacheur lorsque je me suis installée à Paris pour travailler au studio de création de Van Cleef and Arpels.
J’avais trouvé une activité où la perfection était le mot d’ordre. Je me sentais dans mon élément et toujours dans le dépassement de soi. Car je voulais que mon travail soit toujours plus réaliste. J’aimais ce défi.
C’est après 2 ans d’expériences en tant que Gouacheuse que j’ai décidé de partir en Suisse pour apprendre les métiers d’art en horlogerie. J’étais vraiment attirée par l’horlogerie, j’adorais les montres ! Ça me trottait dans la tête depuis longtemps.
J’ai toujours trouvé cette précision et cette délicatesse rythmée assez hypnotisante… La montre est un objet incroyable…. Mais je n’avais pas fait d’école alors je repoussais cette envie toujours un peu plus car je n’avais pas les compétences requises. Jusqu’au jour où j’ai découvert le métier d’émailleur dont j’ignorais complètement l’existence. Là mon rêve a pris forme dans ma tête. Ma passion de la peinture sur les montres… Je devais essayer ça! L’idée de pouvoir peindre sur un cadran comme une œuvre d’art que quelqu’un porterait au poignet me plaisait beaucoup.
J’ai alors été embauchée dans un atelier d’émail et de peinture miniature en Haute Horlogerie. J’étais très enthousiaste, avec une motivation d’apprendre sans limite ! Mais le rêve a tourné au cauchemar… J’ai travaillé quotidiennement sur de la pièce de série, à la chaîne, sur la même pièce durant 4 années. Je pourrais encore la faire les yeux fermés… C’était terrible pour moi qui avais encore plein de rêves… J’avais 21 ans ! La réalité de la vie me frappait en plein coeur. La lumière au fond de moi s’éteignait à grand pas. Mes rêves aussi… ma créativité, mon désir d’apprendre et ma santé s’en allaient avec tout ça. J’ai fait un grave « burn out » à cette période. J’étais morte, mais en vie… Tout cela a duré 4 ans… Mais je savais ce que je voulais au fond de moi.
J’avais envie de travailler à nouveau dans ce que j’aimais vraiment. Le dessin, la peinture, la création ! Tout cela « matchait » avec les objets que j’adorais, les montres et les bijoux ! Je voulais avoir mon petit atelier. Tout ça résonnait beaucoup, beaucoup en moi mais j’étais terrorisée. Je me sentais trop jeune, pas capable, j’étais encore malade, je n’avais plus d’énergie. Beaucoup de questions fusaient dans ma tête… Et un jour je me suis motivée. LE TEMPS PASSE… je n’ai qu’une vie, et je dois réaliser mes rêves !
Un matin j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai commencé à écrire les nouvelles pages de ma vie. J’ai décidé de reprendre mes pinceaux et de peindre des montres pour m’exercer à nouveau. Je n’avais jamais peint de montres ! J’avais toujours peint des bijoux. Mais je voulais faire des peintures avec une précision extrême. La même qui m’avait été enseignée pour faire l’émail. Mes yeux étaient devenus habitués à la précision, alors je voulais utiliser cette compétence. Je voulais que mes peintures soient ultra réalistes et très détaillées. Qu’elles rappellent tout simplement ce qu’est l’horlogerie ! Un engrenage de précision. Puis J’ai eu envie de partager avec les autres ce que je faisais, alors j’ai commencé par poster quelques travaux sur tous mes réseaux sociaux. Je voulais vraiment partager ma passion avec les autres.
Personne ne comprenait pourquoi je m’étais effondrée. Par contre quand j’ai commencé à montrer ce que je faisais, j’ai vu des étoiles dans leurs yeux. Comme si tout à coup, mes proches comprenaient la frustration que j’avais vécue. J’étais à nouveau moi-même dans mes peintures…
Puis au fur et à mesure beaucoup de gens se sont intéressés à ce que je faisais. Des centaines de personnes venaient voir mon travail chaque semaine… Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. On me demandait beaucoup de conseils, si je réalisais des peintures etc… C’était incroyable ! J’ai reçu tellement d’amour sur les réseaux sociaux, tellement de compliments… J’ai eu l’impression de voir de la valeur dans ce que je faisais à travers eux. Ils étaient tous là et me soutenaient à fond. Ça m’a donné une force incroyable. Je crois que ça m’a donné le coup de pouce pour me lancer.
Je devais concrétiser cette envie.
Estelle Lagarde
La peur au ventre, les rêves pleins la tête, je ne sais pas où je marchais, mais j’y allais. Et seule. Je me sentais à nouveau vivante.
C’est en 2018 que je décidais de me lancer à mon compte, en Freelance, dans le design et le gouaché de haute joaillerie et horlogerie. Mon rêve était officialisé sur papier. Je n’y croyais encore pas… J’ai continué à montrer mon travail sur les réseaux sociaux. Et j’ai eu mes premiers clients. J’étais heureuse. Je ne savais pas si ça marcherait mais je me suis laissé porter…
Depuis plus d’un an maintenant j’ai la chance de participer à l’excellence et au prestige des plus belles maisons de la place Vendôme à Paris, mais aussi de grandes marques horlogères et joaillière de Genève. J’ai encore beaucoup de mal à réaliser que mon rêve est devenu une réalité. Je vis de ma passion. Je vois des pièces fascinantes sortir de mes peintures. J’ai hâte de me réveiller chaque matin pour commencer une nouvelle journée. Je suis guérie et à nouveau en bonne santé. Comme si j’avais trouvé la bonne raison pour laquelle devait vraiment battre mon cœur.
Aujourd’hui j’ai des projets plein la tête. J’aime le partage et dans le but de continuer à faire vivre le métier de gouacheur, si particulier, si intime, je souhaite me lancer dans la formation. Ceci afin de rendre l’apprentissage de ce métier plus accessible. Ça me tient vraiment à cœur.
A côté de cela je commence a préparer mon deuxième rêve, celui de créer une marque afin de réaliser ma propre collection de montres et de bijoux de haute joaillerie. J’ai toujours aimé la création, la mode… Quand je dessine et que je mets en couleurs mes projets je voudrais qu’ils prennent vie. Je mets vraiment tout mon amour dedans. Je voudrais les voir portés par quelqu’un. Que les personnes ressentent toutes les émotions que j’ai mises dans mes créations.
Aujourd’hui je suis heureuse. Ma passion m’a rendu la vie.
Estelle Lagarde pour Passion Horlogère
Très beau témoignage, merci Estelle !