Ce sujet vient en écho à l’excellent article paru ce jour dans le quotidien Le Figaro et signé de Judikael Hirel, au sujet des dangers du magnétisme pour les montres mécaniques.
Les sources de magnétisme sont partout présentes dans notre environnement. Et à défaut de les éviter il est important de s’y adapter.
Les premières réponses horlogères au magnétisme
Les horlogers ont conscience de cette problématique et, depuis de nombreuses années, ont cherché à développer des parades. Cela a commencé avec Rolex qui en 1956 a développé une montre répondant aux exigences des scientifiques et ingénieurs du CERN. Le principe de la cage de Faraday est adopté par la marque à la couronne et sera bientôt répandu dans toute l’industrie horlogère. La Rolex Milgauss sera la première montre à résister à un magnétisme de…1000 gauss (unité de mesure du magnétisme).
Comme cela est évoqué dans l’article du Figaro, d’autres marques emboîteront le pas. Mais le seul principe de la cage de Faraday va évoluer. Ainsi, Rolex mais aussi Ulysse Nardin, Patek Philippe, ou encore le Swatch Group ont développé des technologies pour rendre les composants de leurs montres les plus insensibles possibles au magnétisme.
Rolex en tête face au magnétisme
Le fameux Spiral Parachrom de Rolex est un exemple d’une efficacité sans équivalent. Breveté en 2000, il intègre progressivement la totalité de la production de mouvements de grand diamètre du leader de l’horlogerie mondiale, à partir de 2005. C’est une véritable prouesse industrielle quand on sait qu’Audemars Piguet et Certina ne pourront répondre avec le Spiral Nivachron qu’à partir de … 2018. Nouvelle preuve de l’avance technologique de presque 20 ans de Rolex sur de nombreuses autres marques.
Et paradoxalement, lorsque toute l’industrie horlogère s’est ruée sur le silicium, dans le sillage des innovations signées Ulysse Nardin dés 2001, Rolex a pris son temps. Car le silicium a présenté des soucis au vieillissement. Il y a eu beaucoup de casse et donc de retours SAV. Et chez la marque à la couronne, on aime prendre son temps pour innover. Car il s’agit ensuite d’industrialiser et de fiabiliser à grande échelle. C’est ainsi que le spiral Syloxi a été introduit en 2014, uniquement sur le calibre 2236 au début, celui qui équipait les Datejust. Ce sont désormais deux types de spiraux qui équipent les montres Rolex contemporaines et qui leur offrent une exceptionnelle résistance au magnétisme. Rolex poursuit ainsi la course en tête en matière d’innovation et de fiabilité pour toute sa production.
Des innovations multiples
Mais la concurrence n’est pas en reste. Comme évoqué supra, Certina et Audemars Piguet bénéficient depuis 2018 du Spiral Nivachron, moins cher à produire que le silicium, et tout aussi efficace avec une base en titane.
TAG Heuer en 2019 a aussi innové sous l’impulsion du génial Guy Sémon en présentant un modèle Carrera Tourbillon équipé d’un Spiral réalisé en composite de Carbone. Là aussi, complètement insensible au magnétisme.
Grand Seiko, depuis le début des années 2000 a aussi développé des alliages de matériaux tel le Spron 610, très résistants au magnétisme. Mieux encore, sur le mouvement Spring Drive, les ingénieurs de Seiko ont remplacé tout l’échappement par un système de régulateur… électromagnétique !
Les géniaux japonais ont réussi à convertir l’ennemi juré de l’horloger en un précieux allié maîtrisé !!! Mais il aura fallu 28 ans de développement. Ce qu’ils sont seuls, avec Rolex, à pouvoir faire. Car il faut avoir une solidité financière à toute épreuve et une culture du long terme.
Ce problème de magnétisme évoqué par Judikael Hirel commence donc à être maîtrisé par nos horlogers. Mais cela ne représente qu’une infime partie de la production mondiale. Et surtout les solutions actuelles ne concernent que les montres les plus récentes de certaines marques de luxe. Or, pour la grande majorité des montres mécaniques, il convient de donner une réponse à toute éventualité de magnétisme.
Comment se manifeste un problème de magnétisation d’une montre ?
On arrive à déterminer qu’une montre est magnétisée en observant principalement deux éléments : sa précision, et sa réserve de marche. Si la montre avance ou recule de façon anormalement élevée alors qu’auparavant elle bénéficiait d’une précision tout à fait acceptable, ou bien si tout d’un coup la réserve de marche s’est fortement réduite, nous sommes face à des indices probants de risque de magnétisation du garde-temps.
Une source magnétique a plusieurs types d’incidences sur une montre. Elle va déformer les ressorts spiraux, mais elle va aussi parfois charger certains composants de ce magnétisme. Il s’agit du même phénomène que l’on peut observer sur un tournevis qui, sans raison apparente, va devenir magnétique et va attirer à lui des éléments ferreux.
Dans une montre, normalement, il n’y a pas de risques d’agglomération de métaux autour d’un composant. Ou alors cela signifie qu’il existe une usure métallique anormale et prononcée d’un matériau qui n’a rien à faire dans la montre. La plupart du temps on a tout simplement un ressort spiral qui sera empêché d’œuvrer comme il le devrait en étant en partie « collé ». Parfois, si le champ magnétique auquel il a été exposé était trop important, il peut être déformé de façon permanente. Dans ce dernier cas, le passage par l’établi de l’horloger pour un remplacement sera inévitable. Mais dans le cas d’un simple dysfonctionnement, la résolution au problème ne sera qu’une formalité.
Comment remédier au problème de magnétisation de votre montre ?
La toute première solution est la précaution. Comme évoqué précédemment, les montres contemporaines de belle facture sont désormais peu sensibles aux champs magnétiques qui nous entourent. Mais les amateurs de montres Vintage sont particulièrement concernés par ce souci. Votre smartphone, l’attache d’un sac à main, les chargeurs de téléphone par simple contact, le boîtier de vos airpods, les haut-parleurs de votre ordinateur ou de votre ensemble hi-fi, les portiques de sécurité, les nombreux et différents appareils électriques domestiques… tout autour de nous est source de magnétisme plus ou moins importante. Même en étant le plus précautionneux possible, rien ne peut nous garantir de nous prémunir de ce phénomène de magnétisme. Donc plutôt que de chercher à l’éviter à tout prix, il vaut mieux anticiper toute possibilité de devoir y remédier.
Lorsque cela arrive, la première solution est de se rendre chez un horloger pour lui demander de démagnétiser la montre. Tous les horlogers du monde sont censés être équipés d’un appareil permettant cette opération. Un simple passage sur cet appareil va résoudre le problème. Cela prend 5 secondes, et généralement, aucun horloger ne facture ce type d’intervention. Et ce type de visite est toujours l’occasion d’échanges passionnés.
Conseils d’achats
Mais pour les collectionneurs et plus particulièrement les collectionneurs de montres Vintage, nous ne saurions vous conseiller autre chose que de vous équiper d’un appareil à démagnétiser les montres. Et plutôt que de choisir un appareil gadget à 10 €sur Amazon dont le résultat n’est absolument pas garanti, nous vous conseillons le Démagnétiseur Electronique Elma Antimag proposé par MisterChrono. On a là un appareil testé et approuvé par ce professionnel de l’accessoire horloger connu et reconnu de tous les amateurs d’horlogerie. Le coût de 249 € peut sembler élevé, mais le service rendu pour toute une collection de montres dont on veut prendre soin est largement à la hauteur. MisterChrono propose aussi un appareil de type Witschi. Mais là nous ne le conseillerions qu’à des professionnels ou à des possesseurs de montres de collection de très grande valeur. Car l’investissement est ici bien plus important avec un appareil facturé 1 585 €. Si vous le souhaitez et si vous le pouvez, sachez que « qui peut le plus peut le moins ».
Mais avant de vous rendre chez votre horloger ou de vous ruer sur le site internet de MisterChrono à la première alerte, vous pouvez aussi expérimenter « la botte secrète du vieil horloger ». Evoquée par Judikael Hirel dans son article, nous vous livrons ici une vidéo réalisée l’année dernière, suite à une question d’un lecteur de Passion Horlogère, et que nous n’avions pas encore publiée.
Cette « botte secrète » nous avait été livrée en 2011 par un horloger et collectionneur italien qui la tenait d’un vieil horloger suisse. Mais chut, cela doit rester secret…
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