Synonyme de fiabilité et de grande qualité, le made in Germany trouve depuis 1990 un nouveau terreau d’expression avec le renouveau de son industrie horlogère. Marque locomotive de cette économie, Nomos Glashütte n’a pas pris le train en marche. Elle en dessine la ligne directrice.
Glashütte : la renaissance
Si le nom de Detroit fusionne irrémédiablement à l’histoire de l’industrie automobile américaine, celui de Glashütte demeure plus que jamais indissociable de l’horlogerie germanique. Pour comprendre cette connexion et en trouver les origines, il suffit d’entreprendre un voyage dans le temps. Au cours du 19e siècle, l’Europe est confrontée à la révolution industrielle. Les ressources de la ville sont étroitement liées à l’exploitation minière. Or celles-ci se tarissent. Le roi de Saxe, Frédéric-Auguste commande à l’horloger Ferdinand Adolph Lange de venir y développer son art.
Tout débute ainsi en 1845, année durant laquelle se créée l’une des premières manufactures. Rapidement, tout un écosystème d’ateliers et de fournisseurs se constitue. En 1878, une école dédiée à la formation d’horlogers voit même le jour. La quête de l’excellence rythme la vie économique de la ville saxonne, laquelle devient alors le berceau de l’horlogerie allemande. Fort de leur savoir-faire, les maîtres-horlogers se font remarquer pour leur expertise. L’un d’eux se distingue en 1920. Alfred Helwig signe l’une des plus belles inventions : le tourbillon volant.
La production de montres de poche bat son plein. L’essor économique est au rendez-vous pendant la première moitié du 20e siècle. L’Histoire refermera cette parenthèse enchantée. Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville est à moitié détruite par les bombardements alliés. La fondation de la République démocratique allemande en 1949 et la guerre froide prolongent l’industrie dans un permafrost éternel. L’horlogerie allemande se conjugue au passé jusqu’à la chute du Mur de Berlin et à la réunification allemande. Dire que l’économie de feu l’Allemagne de l’Est est moribonde est un pléonasme. Cependant, des entrepreneurs n’ont pas oublié le riche passé de Glashütte et décident de s’y implanter. Parmi eux, Roland Schwertner.
Le Bauhaus comme ligne directrice
« J’ai entendu parler de Glashütte pour la première fois à l’époque – personne ne savait ce que c’était : une entreprise, un lieu ou un terme. Mais les horlogers des écoles professionnelles avaient les larmes aux yeux quand ils parlaient de Glashütte. J’y suis donc allé et j’ai jeté un coup d’œil » explique Roland Schwertner lors d’une interview donnée à Manager Magazin en 2006. Informaticien et photographe originaire de Düsseldorf, il suit son intuition et fonde l’entreprise Nomos en 1990. En grec ancien, ce nom signifie “ce qui est attribué en partage“. Son idée ? « Nous voulions faire une vraie montre, une montre mécanique, une montre que vous aimeriez vous-même. Rien de plus. »
La marque investit le marché deux ans plus tard avec quatre modèles dénommés Tangente, Orion, Ludwig et Tetra (de forme carrée). Leur point commun ? Un design original d’une grande pureté, au service de la lisibilité des informations temporelles. Celui-ci s’inspire des principes du Bauhaus comme, « la forme suit la fonction », « aucune frontière entre l’artiste et l’artisan », « la préférence des formes linéaires et géométriques », simplicité et efficacité,…
Tangente Tetra
« Nous pensons que les montres que nous fabriquons sont ce que les membres du mouvement Bauhaus créeraient et porteraient aujourd’hui. Comme à l’époque, nous nous concentrons sur l’essentiel dans notre travail – du design de nos montres à la R&D et à la production des calibres – en laissant de côté tout ce qui est inutile et en affinant les éléments qui restent. Ainsi, les principes du Bauhaus se retrouvent encore chez nous aujourd’hui. NOMOS Glashütte est membre du Werkbund, un précurseur du mouvement Bauhaus. Cette association s’efforçait déjà de rendre le bon design accessible au plus grand nombre. » détaille Roland Schwertner lors d’une interview donnée en 2019.
Les montres Tangomat (2005), Club (2007), Zürich (2009) ainsi que Ahoi (2013), Metro (2014), Minimatik (2015) et Autobahn (2018) viennent successivement garnir le catalogue de la marque. Deux garde-temps de haute horlogerie en or, Lambda et Lux, les complètent en 2013. Les prix des références en acier évoluent de 1 000 à 5 000 euros. De multiples déclinaisons de couleur de cadran sont proposées. Trois fonctions sont disponibles selon les modèles : la date, l’affichage de la réserve de marche et les heures universelles. Deux cent douze variations composent le catalogue actuel.
Une certification locale
Glashütte dispose une appellation d’origine protégée par la loi. Ainsi, être « certifiée Glashütte » requiert d’une montre qu’au moins 50 % de la valeur d’un calibre assemblé soit produit localement. Ce chiffre atteint 95 % chez Nomos depuis 2005, année où la marque dévoile son premier mouvement à remontage manuel, le calibre Alpha, développé en interne. Un an plus tard, la Tangomat intègre le premier mécanisme automatique. Le mouvement muni d’un système Stop seconde anime par la suite les données temporelles des Ludwig, Tetra, Orion et Club.
Depuis, Nomos assemble 7 mouvements automatiques, fins et précis, et 6 calibres à remontage manuel dont un de forme ovale. Dix d’entre eux sont affublés de l’acronyme DUW, « Deutche Uhernwerke », gage d’une fabrication dans les ateliers. Tous disposent de finitions exemplaires : perlage, nervurage et polissage. Tous sont réglés sur six positions et sont dotés d’une précision de chronomètre. En 2014, Nomos franchit un nouveau cap et devient une manufacture totalement indépendante en élaborant son propre échappement, le Swing System.
DUW-4301 DUW-4401 DUW-1001 DUW-3001 DUW-6101 DUW-5101 DUW-5201 Zeta Epsilon DUW-5001 DUW-2002 DUW-4101 Nomos Alpha, premier calibre Manufacture de la marque !
Désormais, plus de 260 personnes donnent vie aux montres Nomos. Une quarantaine compose le Berlinerblau, l’agence de création installée dans la capitale allemande. C’est dans ces locaux à la façade inspirée du Bauhaus que sont imaginés les références et les calibres. La manufacture a ainsi dévoilé à l’occasion de l’édition 2021 de Watches and Wonders Geneva une mise à jour de l’un de ses modèles phares, la Metro Neomatik. Celle-ci combine un élégant cadran bleu nuit à une date périphérique en vert luminescent. Une édition limitée à 2021 exemplaires de la Tangente 38 célèbre les 50 ans de Médecins Sans Frontières. La Club Campus dynamise désormais les poignets dans des associations pertinentes d’orange et de gris.
Le manifeste du mouvement architectural né en 1919 à Weimar implique la nécessité du développement constant. Un peu plus de trente ans après sa genèse, chaque nouveauté souligne l’ancrage de Nomos dans cette voix.
Dan Diaconu pour Passion Horlogère
Retrouvez notre album photo Facebook présentant la visite de la Manufacture Nomos Glashütte.
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