J’aime les histoires d’hommes. Oh la ! Ne vous méprenez pas ! Je vais reformuler. J’aime les aventures humaines, j’aime les gens passionnés, j’aime les gens qui incarnent des projets. J’aime aussi les objets qui racontent des histoires. Pour peu qu’elles soient honnêtes, incarnées, passionnantes. Parfois, un objet vaut plus par ce qu’il raconte, ce qu’il véhicule, ce qu’il évoque, que par ce qu’il est intrinsèquement.
C’est pour ça que j’aime Riskers. Et je vais vous l’avouer franchement, je ferai partie de leurs premiers clients. Riskers, avant d’être une nouvelle marque de montres financée sur Kickstarter, ce qui partait plutôt mal me concernant, ce sont des hommes. Riskers, c’est une idée, un concept, c’est bien plus qu’une montre.
Ré-humaniser l’horlogerie
Quand les mastodontes de l’horlogerie suisse dégainent des ambassadeurs célèbres et prestigieux à la fidélité toute relative, surtout guidée par le montant du chèque qu’ils touchent et que le client final paye pour partie, Riskers met en avant des anonymes qui se dévouent pour les autres, et reverse une partie du montant des ventes des montres, à l’association qu’ils représentent ou à la cause qu’ils défendent. Autre approche, autres valeurs.
Pierre Guerrier, le créateur de la marque et initiateur du projet n’est pas un béotien de l’horlogerie. Bien au contraire. Il y a roulé sa bosse, y a performé, en connaît tous les rouages et tous les arcanes. Le premier Risker, c’est lui. Car il aurait pu continuer sa carrière dans des groupes horlogers ou chez de luxueuses marques indépendantes. Mais il a l’entrepreneuriat chevillé au corps, une histoire de famille à priori. Et il a une idée, une envie, et des amis et des talents prêts à le suivre, à relever ce défi, à devenir des héros ordinaires. Ces héros ordinaires que la marque veut célébrer, veut mettre en avant, veut honorer.
Riskers, un concept
Le concept Riskers tient en quelques mots. Il y a des centaines, des milliers d’hommes et de femmes, qui réalisent au quotidien, ou plus ponctuellement, des actions extraordinaires, des actes héroïques parfois, leur simple métier aussi. Et ces hommes et ces femmes changent le quotidien d’autres hommes et d’autres femmes, parfois même à leur insu. Riskers n’est pas une montre pour eux, Riskers est une montre pour les célébrer, leur rendre hommage, les passer de l’ombre à la lumière. Et peut-être êtes-vous, vous même, sans en avoir conscience, un Risker. Réfléchissez bien. Peut-être avez-vous un jour plongé pour sauver un enfant de la noyade, peut-être avez-vous donné un rein, ou de la moëlle osseuse, sauvant ainsi la vie à quelqu’un, peut-être êtes-vous pompier, policier, militaire, ou bénévole dans une ONG ? Vous êtes un Risker, à votre façon, à votre échelle.
Riskers, une inspiration
C’est la montre des poilus de la 1ère guerre mondiale qui a servi d’inspiration pour le design de la première création de la marque. Il n’y avait pas de dotation pour les hommes du front, et nos courageux soldats utilisaient alors leur propre montre, souvent des montres de poche, parfois transformées en montres bracelets. Des objets simples, basiques, qui se devaient d’être solides et efficaces. Partant de ces objets, Malo Le Bot, le designer maison, en a repris les codes, les modernisant pour en faire une montre élégante, ponctuée de références, un objet du quotidien, sans ostentation. 3 aiguilles, date, l’essentiel sans le superflu. Un diamètre moderne de 43mm pour une épaisseur contenue de 12,35mm. On appréciera. 2 versions, l’une motorisée par un calibre Swiss Technology Production (STP), et estampillée Swiss Made, l’autre embarquant un quartz Ronda.
4 versions au lancement, dont 3 en éditions limitées et 1 numérotée. Et c’est là que la belle histoire continue. Non content de vouloir célébrer les héros du quotidien, Riskers pousse le bouchon jusqu’à leur donner une tribune, une visibilité.
Des héros discrets
Ainsi, Albert Roche, le poilu déserteur, pour la bonne cause, pour aller au front. Histoire peu banale d’un homme tout juste majeur, trop petit pour le front, et qui sait que la peine réservée aux déserteurs est justement d’y être envoyé. Cette montre, c’est un peu la sienne. Héros ordinaire parmi des milliers d’autres, ayant risqué sa vie pour défendre sa patrie. Sa montre de poche jamais pratique à extraire, il demande à son frêre de tranchée de la lui bricoler pour l’attacher au poignet. Une sangle de gourde et de la débrouillardise plus tard, le problème est résolu. La solution fait le tour des copains, tout le monde y va de sa bidouille. L’histoire est en marche.
La Prolog I, la 1ère Riskers, c’est celle-là. Inspirée de la montre de poche transformée en montre de poignet. Modernisée, mais pas dénaturée. Un 12 hypertrophié, un cadran satiné, une montre simple et lisible, abordable et joliment finie, un design fort mais pas surjoué. Les couleurs taupe/beige/bleue s’harmonisent pour une évocation vintage. Le calibre automatique STP est fiable et précis, sans fioriture, ça tombe bien, le fond est plein. Merci pour la pertinence de ce choix ! Et les fonds reversés à l’oeuvre nationale du bleuet de France qui vient en aide aux familles des soldats sonne comme une évidence. Rien que l’écrire m’émeut. Les 518 pièces ne vont pas rester bien longtemps disponibles.
La Chapter I, en est une déclinaison, tout aussi automatique. Cadran gris satiné, chiffres et aiguilles bleuis, elle rend hommage à Guillaume d’Abboville. Issu d’un cursus pointu et prestigieux, promis à une brillante carrière, il préfère pourtant se consacrer à l’ONG « Enfants du Mekong », jusqu’à en devenir l’actuel directeur. C’est à celle-ci que les fonds seront reversés bien sûr.
Notons que la Chapter I proposera un focus sur une personne différente tous les ans, et ne sera pas limitée. The more they sell, the more they get ! Elle sera par contre individuellement numérotée.
Ces 2 versions automatiques, montées sur un bracelet en veau doublé, sont proposées au tarif de 1190€ HT,
De la bienveillance horlogère
Afin de permettre au plus grand nombre d’accéder à Riskers et d’ainsi participer à son niveau au financement de belles causes, outre le plaisir de s’offrir une pièce de caractère, la marque propose 2 déclinaisons à quartz de sa création. Esthétiquement quasi identiques aux versions automatiques, ces 2 modèles en diffèrent cependant suffisamment pour s’offrir leur propre personnalité.
La Chapter II est à mon sens la plus intéressante, car la plus travaillée, la plus différenciée des 3 autres. Conçue en partenariat étroit, et à l’initiative des Troupes de Montagne, une brigade d’élite de l’armée de terre dont l’efficacité n’a d’égal que leur discrétion, cette version s’offre un cadran personnalisé, sur lequel on trouve une étoile à 6h, représentant l’étoile polaire. Et surtout, un fond gravé d’une tête d’aigle sur fond d’étoile et de cimes. Les couleurs choisies renvoient à l’univers dans lequel s’entraînent ces combattants d’élite. Gris,vert et sable font tour à tour écho à la roche des montagnes et à la tenue de camouflage de ces soldats de l’extrême. Alors que les aiguilles des versions automatiques sont ajourées, celles des versions quartz sont remplies de SuperLuminova, tout comme les chiffres du cadran.
La Chapter II est limitée à 1027 pièces et les fonds récoltés seront reversés à l’association « Entraide Montagne » qui vient en aide aux blessés et familles de ces héros anonymes.
La Chapter III est le modèle qui porte sur le devant de la scène Pierre Muller, un médecin-secouriste investit dans l’ONG « Douleurs sans frontières ». On oublie bien trop souvent qu’après les combats, les populations civiles restent meurtries, physiquement, et psychologiquement. Douleurs sans frontières travaille d’arrache-pied, loin des regards et des caméras, afin que les populations locales puissent prétendre, un jour, à un retour à une vie normale, sans séquelle. Le cadran bleu reprend la couleur du logo de l’association, quand la trotteuse teintée de rouge et de jaune rappelle les couleurs arborées par les hélicoptères de la sécurité civile, dans lesquels Pierre Muller a effectué tant de rotations. Limitée à 1096 pièces, elle embarque, comme la Chapter II, un mouvement à quartz Ronda, assurant précision et fiabilité.
Les Chapter II et III, montées sur un bracelet en toile, sont proposées au tarif de 490€ HT.
Notez cependant, et c’est une information importante, que les montres sont proposées en pré-commande sur Kickstarter, à des conditions préférentielles pour les premiers contributeurs.
Je ne suis généralement pas un grand fan des nouveautés horlogères disponibles via cette plate forme. Mais pour une fois, la qualité du travail de design, de conception, de réalisation, et la dimension profondément humaine qui a toujours été au centre de la création de la marque m’amène à applaudir des 2 mains et à vous inciter à vous pencher très sérieusement sur cette belle aventure. Et à souhaiter à Riskers une très longue vie et une belle réussite.
On parle souvent de bienfacture horlogère, Riskers invente la bienveillance horlogère. Et voila une bouffée de bons sentiments comme on en avait pas pris depuis longtemps dans ce petit milieu. J’ai mis ma pierre à l’édifice. Je suis un des contributeurs. J’ai commandé ma Riskers. Et j’en suis fier.
Richard Ségault pour Passion Horlogère
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