« Le meilleur Baselworld de ces dix dernières années ! », c’est ce que l’on pouvait entendre dans les travées du Salon international de l’horlogerie et de la joaillerie 2019, le mardi de la fermeture. Au début c’était une toute autre ambiance, mais il fallait rester jusqu’à la fin pour entendre ce type d’exclamations !
Ce Baselworld 2019 a commencé dans le calme. L’absence du groupe Swatch et de quelques autres marques a pesé très lourd sur l’ambiance générale de cette ouverture de salon. Le Hall 1.0 avait été réaménagé avec en son centre de grands espaces dédiés à la circulation et à la restauration. La presse était ramenée de la Mezzanine au cœur du Hall 1.0, et avait laissé place à un inédit incubateur horloger. Les Ateliers occupaient tout le rez-de-chaussée de l’extrémité de ce Hall 1.0… La joaillerie se concentrait au Hall 3 avec quelques grandes marques ayant migré dans les étages du Hall 1…
Cette description des lieux ne parlera pas au profane qui n’a jamais mis les pieds à Baselworld mais permet d’appréhender les craintes qui entourent habituellement tout changement. Et on a entendu les deux premiers jours du salon quelques « C’est vide !», « C’est calme !», « Il n’y a personne !», « On court à la catastrophe ! ». Mais les gens étaient là, et il fallait « faire le job ».
Alors les plaintes se sont tues et les hommes se sont mis au travail. Et curieusement, au fur et à mesure que la semaine avançait, les sourires sont réapparus. À quelques jours de la fin de Baselworld 2019 on était en avance sur les chiffres chez certaines grandes marques, on se réjouissait des couvertures média chez d’autres, et surtout, unanimement, on vantait l’aspect « qualitatif » de ce salon. Certes il y avait moins de personnes présentes dans les travées de Baselworld 2019, mais nombre de marques vantaient la qualité des visiteurs.
LVMH, Rolex, et Patek Philippe dominent majestueusement Baselworld 2019. Breitling se refait une extraordinaire santé grâce au vide laissé par le groupe Swatch conjugué à l’hyper-activité d’un Georges Kern que rien n’essouffle.
Ces locomotives entraînent dans leur sillage de véritables professionnels qui continuent de travailler sérieusement comme le démontrent Carl F. Bucherer, Fréderique Constant, Oris, ou encore Bell & Ross.
Et puis il y a ces jeunes pousses qui représentent le dynamisme de l’horlogerie. Ces marques à dimension humaine qui redoublent de créativité et dont la taille permet encore au visiteur de Baselworld 2019 de rencontrer fondateurs et/ou CEO. C’est Le Rhöne, Reservoir, Schwarz Etienne, ou Claude Meylan qui suivent le sillage tracé il y a 10 ans par MB&F.
Enfin, il y a l’incubateur horloger qui est une merveilleuse idée. Au tout début du salon il était difficile à trouver du fait d’une absence de signalétique, mais cela a été rapidement solutionné. Ce nouveau concept d’espace réservé principalement aux jeunes marques en recherche de visibilité a connu un énorme succès auprès du public. Et les exposants ont unanimement apprécié de rencontrer autant de monde. On peut citer des noms sur lesquels nous parions de bientôt les voir aux Ateliers : Beauregard, Singer Reimagined, Trilobe, Muse, L&Jr, ou encore Riskers. Ces jeunes Start Up ont juste besoin d’un coup de projecteur car leurs concepts parleront d’eux-mêmes.
Quel bilan pour ce Baselworld 2019 ?
Des marques qui ont commencé avec la peur au ventre mais qui ont fini avec le sourire. De jeunes créateurs ravis de se retrouver intégrés au salon sans avoir à risquer la ruine. Une presse placée « au cœur du réacteur », pour emprunter une expression chère à Grégory Pons. Des visiteurs bénéficiant d’un confort de visite inédit avec des espaces de repos, de restauration, et d’animation. De nombreux commentaires faisant valoir une « qualité » de salon versus la « quantité » de visiteurs. Finalement on est en droit de se demander tout simplement si on n’est pas – enfin – passé d’une foire de Bâle à un salon Baselworld !?
Le changement d’équipe au sein de l’organisation avec l’arrivée de grandes compétences, et l’urgence à se renouveler ne sont pas étrangers aux dernières évolutions. On peut encore mieux faire. On doit encore mieux faire. Mais Baselworld 2020+ nous annonce de beaux changements. Prenons date en appréciant l’année horlogère qu’il nous reste à terminer.
Lors de la conférence de clôture, un journaliste a eu un mot que nous laissons le soin à chacun d’apprécier : « Merci aux absents d’avoir permis cette prise de conscience générale. L’organisation du salon, mais aussi les marques, n’ont plus d’autre choix que de libérer les énergies ! ».
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