Nous connaissons les montres pouvant avoir plusieurs cœurs, sous forme de tourbillons ou de balanciers multiples. Antoine Preziuso n’hésitait pas à aligner jusqu’à trois tourbillons dans son « Tourbillon des Tourbillons ». Et François-Paul Journe poussait la prouesse jusqu’à faire entrer en résonnance deux balanciers, assurant une parfaite synchronisation des deux cœurs de son Chronomètre à résonnance. En Haute Horlogerie, comme en informatique, le Dual, le Tri, ou le Quadri core est quelque chose de vu et de maîtrisé, en tout cas par les meilleurs horlogers. Cependant, dés 2007, une Manufacture horlogère se démarquait avec un produit proposant « deux cerveaux », comme aime à l’expliquer Christian Laurent, son concepteur. L’approche horlogère se veut tout autant poétique qu’une montre aux caractéristiques techniques citées supra, et surtout la finalité demeure la même : la précision horlogère. Histoire d’un rêve horloger devenu réalité…
Mon propos n’a pas pour but de vous présenter cette montre dévoilée en 2007. Pour cela je vous invite à écouter Christian Laurent, son concepteur, qui nous avait permis de le filmer en 2012, à l’occasion d’une visite de la Manufacture Jaeger-LeCoultre au Sentier. Il s’agit plus de raconter la genèse de l’arrivée de celle-ci dans une collection, et sa jeune histoire.
Un marché de l’occasion complètement faussé
Lorsque vous parlez d’horlogerie de luxe autour de vous, une véritable frénésie envahit vos interlocuteurs. Les mêmes qui, il y a quelques années, ne comprenaient pas que vous dépensiez 3500 € pour une Rolex Submariner. Aujourd’hui ils vous demandent si vous ne pouvez pas leur obtenir cette même Submariner, ou son évolution, à moins de 10 000 €. Le fameux « bon plan » ! Car ce modèle s’échange en deuxième main autour des 12 000 à 15 000 €. Et ce qui vaut pour Rolex, vaut aussi pour Audemars Piguet, Patek Philippe ou encore Richard Mille. Etre amateur ou professionnel du secteur de l’horlogerie va bientôt nécessiter une discrétion de tout instant pour des questions de sécurité, et surtout de tranquillité vis-à-vis d’un entourage pressant.
Aujourd’hui plus personne n’a de facilité à obtenir une Rolex, une Patek Philippe, ou une Audemars Piguet. Et quand bien même ce serait le cas, quelle raison peut vous pousser à obtenir une montre pour quelqu’un qui va s’empresser de la revendre pour empocher une plus value ? À moins d’embrasser le difficile métier de marchand de montres. Mais il en existe déjà suffisamment, avec son lot de très compétents, et de très mauvais. Ils reconnaîtront leur voisin, à défaut de se reconnaître.
La Haute Horlogerie en partie boudée par les spéculateurs
Le marché de l’occasion est donc en proie à toutes sortes de spéculateurs. Une inflation hebdomadaire a touché les montres Rolex pendant de longs mois sur ce marché. Et même si cela semble se calmer, il était tout de même question de 200 à 500 € d’augmentation toutes les semaines. Tout le monde voulait son « Rolexcoin » ou sa « Nautiluscoin ». Toutes les montres dites « Sport Chic » sont de fait tirées vers le haut par cette tendance. Et des marques telles que Frederique Constant, Vacheron Constantin, ou encore Zenith peuvent en tirer profit avec leurs modèles Highlife, Overseas, ou Defy. Et c’est tant mieux pour l’industrie horlogère toute entière !
Mais sur le marché de l’occasion on constate que cette inflation ne touche que ce type de produits. Certaines pépites ne sont même pas regardées. C’est le cas d’une partie de la Haute Horlogerie. Certaines montres en parfait état, de moins de 10 ans et de très belle qualité ont perdu 50 à 70 % de leur valeur. Une aubaine pour le véritable passionné d’horlogerie. Il s’agit alors de se mettre en veille de la montre de ses rêves…
La montre de mes rêves
Sans cette situation ubuesque, je n’aurais jamais songé à regarder du côté de la Jaeger-LeCoultre Duomètre Chronographe. Une montre exceptionnelle, d’une beauté à couper le souffle, et vous autorisant une belle entrée dans la Haute Horlogerie. Cette montre est proposée à quelque chose comme 60 500 € neuve (53 500 € au moment considéré par l’article). Il s’agit d’une production très exclusive, ne dépassant pas les 390 exemplaires selon la Fondation de la Haute Horlogerie. Quand certains osent encore affirmer que le luxe et le tarif d’un produit sont liés à sa rareté, les dizaines de milliers de Rolex en vente d’occasion vs la poignée de Duomètre démontre que de nombreux autres critères entrent en jeu.
Il est une question de désirabilité et de pseudo « statut social ». Aujourd’hui, pour une montre Rolex produite, il y a plus de 1000 inscrits sur des listes à travers le monde. Il s’agit d’une situation unique dans l’histoire de l’horlogerie. Car toutes les marques ont toujours eu besoin d’aller chercher des clients. Il y a 10 à 15 ans, seul Philippe Dufour refusait des clients. Et il est vrai qu’il fallait déjà patienter pour une Nautilus ou une Daytona. Mais jamais toute une production n’a été prise d’assaut comme c’est le cas aujourd’hui pour Rolex.
Et tous ces regards qui convergent vers le même objectif permettent de rendre accessibles des pièces exceptionnelles. Il suffit de tourner les yeux, et de garder la tête froide. Pensez-vous cela croyable ? Un Duomètre d’occasion proposé moins cher qu’une Rolex Submariner d’occasion…
À suivre…
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