La marque suisse de montres haut de gamme vient de fêter ses 190 ans et entend cultiver ses qualités d’élégance et de tradition horlogère pour les années à venir. Point d’orgue en 2023, la sortie d’une nouvelle montre reprenant son célèbre mouvement gmt.
Sa seule évocation vous propulse dans les paysages verdoyants du jura suisse. Longines tient en effet son nom du lieu-dit aux “prairies allongées” de Saint-Imier, où elle a vu le jour il y a 190 ans. Fondée par Auguste Agassiz, la maison compte parmi les plus anciennes marques horlogères suisses, ayant su conjuguer élégance et savoir-faire innovant depuis sa naissance. Si l’on doit à Agassiz le premier établissage en 1832 à Saint-Imier, l’industrialisation et l’enregistrement de la marque au sablier ailé en 1889, sont le fait de son neveu, Ernest Francillon.
Retrouvez la proposition horlogère Longines
Francillon était un horloger passionné. Un entrepreneur-né. C’est lui qui introduit la mécanisation, les prémices de la chaîne, du fordisme et fait grossir la société. Elle compte une trentaine d’ouvriers en 1867, puis près de 1000 en 1910. Ils sont quelque 1500 aujourd’hui, à œuvrer pour l’une des 5 marques swiss made les plus importantes au monde.
L’industriel, à l’œuvre à Saint-Imier quasiment jusqu’à sa mort, introduit également le numéro de série sur chacun des modèles de la manufacture Longines. Une traçabilité unique au monde selon Matthias Breschan, CEO de Longines depuis 2020 : “Chaque numéro de série nous renseigne sur la date de fabrication, l’identité de son acquéreur, mais il offre surtout la liste détaillée des composants de la montre, afin de pouvoir l’authentifier ; et ce, poursuit-il, sans interruption depuis notre création. Nous avons ici un grand stock d’anciens composants qui nous permettent par ailleurs de restaurer d’anciens modèles envoyés par les collectionneurs.”
Un héritage unique
C’est la force de Longines : un archivage détaillé depuis 1867, conservé précieusement au musée de la marque situé à Saint-Imier et un “atelier héritage” dirigé aujourd’hui par Bernard Portal qui se consacre à identifier et réhabiliter les modèles anciens et de collection.
Cet horloger, qui ressemble de manière troublante à Tortue géniale, personnage bien connu des fans de Dragon Ball – son bureau est d’ailleurs copieusement décoré d’images de ce mythique barbu, maître en arts martiaux – nous fait la visite avec un mélange de flegme et de fierté. Il se félicite d’avoir accès comme son équipe à des dizaines de milliers de pièces neuves, balanciers, barillets, vis cadrans et index, rangés dans de fins tiroirs nommés layettes.
Ces fournitures sont inventoriées par modèles et par années : “Pour les pièces très anciennes, de 1867 à 1980 à peu près, on possède très peu de composants, mais nos horlogers sont capables de les fabriquer à la main, à l’unité.” Un service après-vente de haut vol donc, qui contribue à l’image de marque de Longines. Si l’atelier héritage est aujourd’hui déficitaire, il vient néanmoins combler la demande croissante de vintage ; et l’attrait de la jeune génération pour des pièces historiques et authentiques.
Une marque de pionniers
Cependant, le poids du patrimoine et de l’héritage ne fait évidemment pas oublier la puissance innovatrice de la marque qui en 1912 avait mis au point le coupe fil, dispositif électromécanique et jalon important dans l’histoire du chronométrage. En 1914, naît chez Longines le premier chronographe à mouvement haute fréquence, capable de mesurer le temps au dixième de seconde près – puis au centième, deux ans plus tard – dans le cadre d’événements sportifs. Cette prouesse technologique ancre dès l’origine la marque de Saint-Imier dans l’univers du sport – le monde équestre et celui du ski alpin – où elle s’illustre encore aujourd’hui en tant que chronométreur. Depuis 2006, Longines est partenaire officiel de la Fédération internationale de ski, mais aussi chronométreur de la Coupe du monde de ski alpin et des Championnats du monde. La marque a chronométré les Jeux Olympiques d’hiver jusqu’à 1992 et accompagne désormais les Jeux du Commonwealth.
Pour retrouver le catalogue Longines
Signe de reconnaissance, la montre Longines a par ailleurs été portée par de nombreux pionniers, explorateurs et pilotes, comme Amelia Earhart qui fut la première femme à traverser l’Atlantique en 1928, un an après Charles Lindbergh. D’autres grands noms de l’aviation suivaient son exemple, aussi bien hommes que femmes : Amy Johnson qui voyagea du Royaume Uni jusqu’en Australie en solo, Ruth Nichols, l’une des plus audacieuses “fly girls”, ainsi que l’équipage Dieudonné Costes et Maurice Bellonte qui établit en 1929 un record de distance en ligne droite.
Une tradition d’ambition
C’est cet esprit pionnier qui guide encore la fabrication des modèles phares de Longines, puisque Matthias Breschan s’enorgueillit de proposer à sa clientèle des montres ultra-précises, “officially certified”, dans un segment de prix compris entre 1000 et 5000 euros – hors éditions limitées. C’est notamment l’idée de la collection Spirit, présentée à la fin de l’année 2020 avec son mouvement GMT haut de gamme, permettant d’ajuster l’aiguille des heures indépendamment de l’aiguille des minutes. Mouvement qui devrait à nouveau être mis à l’honneur en 2023, dans une montre au cadran plus étroit, nous confie le CEO, pour correspondre à la tendance dans le marché européen.
Une manière de flatter un public quelque peu oublié pendant les années Covid, au profit d’une clientèle touristique fidèle, et de poursuivre l’objectif de dépasser 2 milliards de chiffre d’affaires en 2025. “Je suis assez confiant, nous y arriverons” affirme Matthias Breschan. Une belle histoire du temps, qui dure…
Camille Chotteau pour Passion Horlogère
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